Le pouvoir de reculer et de présenter des excuses, est un pouvoir fort méconnu...
J'ai eu beaucoup d'admiration envers cet éléphant, filmé dans le Serenguetti, qui face à un rhinocéros buté, corne baissée, recule doucement, puis s'écarte. J'ai admiré de même l'archévêque de Lyon, Decourtray, quand il reconnut la faute partagée par plusieurs ecclésiastiques, d'avoir caché le milicien Paul Touvier dans leurs couvents, et l'avoir soustrait à la justice pendant tant d'années. Voilà un éléphant et un archévêque qui avaient quelque profondeur dans leurs interactions sociales...
Mon père avait eu ce pouvoir, le pouvoir de me présenter ses excuses par écrit, et il en a usé, en 1968. Notre mère n'a jamais eu ce pouvoir de reculer et de s'excuser. Elle n'avait aucune profondeur, toute entière dans sa façade, dans son escalade d'agressions et de dénis de réalité.
La suite a prouvé que si notre père avait bien eu ce pouvoir de reculer et de s'excuser après agressions jalouses, là s'est borné son pouvoir.
Quand par la suite, par faiblesse envers sa seconde épouse, il s'est laissé dépouiller et nous a fait dépouiller par elle, là il n'a plus jamais été capable de reconnaître son errement, ni n'a plus rien fait pour tenter d'en réparer les conséquences.
Là, il est demeuré jusqu'à sa mort dans son déni de réalité, si bien exploité par Saddam Zussom.
L'escalade symétrique est bien connue des analystes des interactions humaines. Elle était déjà expliquée en détail pour le grand public dans le petit volume de P. Watzlawick, J. Helmick Beavin et Don D. Jackson :
Pragmatics of Human Communication. A Study of Interactional patterns, Pathologies, and Paradoxes. 1967 W.W. Norton & Compagny, inc. New York. Traduction française au Seuil en 1972 :
Une logique de la communication.
Evidemment que les couples qui vivent en escalade symétrique vont très mal...
C'est vrai aussi des conflits d'entreprise, et des conflits d'équipe. Les escaladeurs compulsifs manquent de profondeur stratégique dans leur personnalité, toute contradiction externe les mobilise vers la guerre immédiate sur leurs frontières, imaginairement menacées. Faire la guerre à son prochain est leur seule façon de gérer leurs propres torts, leurs propres faiblesses et noyaux psychotiques.
L'épisode malheureux du
Bathybius haeckelii, permit au biologiste Thomas Huxley, de faire la preuve que l'humour vient volontiers au secours de la démarche scientifique.
Bathybius
(definition) by Webster 1913 (print) Tue Dec 21 1999 at 22:03:57
Bathybius (?), n. [NL., fr. Gr. deep + life] Zool.
A name given by Prof. Huxley to a gelatinous substance found in mud dredged from the Atlantic and preserved in alcohol. He supposed that it was free living protoplasm, covering a large part of the ocean bed. It is now known that the substance is of chemical, not of organic origin.
Thomas Henry Huxley, a famous defender of Darwin's theory, supposed that life had formed originally in a cellular fluid called "protoplasm", similar to to the Urschleim (original slime, in German) proposed by Ernst Haeckel. Eventually Huxley reanalyzed some samples of the Atlantic floor, and saw what he thought that could be evidence of something similar to this "protoplasm", and named it Bathybius haeckelii, in honor to Haeckel. While Haeckel believed, among other such as Peregrin Casanova, that Bathybius corresponded exactly to his theory, Huxley supposed that it was just an organic substance that covered all the oceanic floor. During the Challenger expedition, more samples from oceanic floor were collected. The samples shown no sign of the presence of Bathybius at the collecting time, but seemed to grow in the containers on the way to England, where it was bring to analyses.
En colloque, un autre biologiste invoque le Bathybius en renfort d'une théorie évolutioniste encore incertaine de ses preuves, alors qu'un chimiste embarqué avait déjà fait la preuve que le présumé protoplasme n'était qu'un précipité de sulfate de calcium, dû à la décompression de l'échantillon d'eau profonde. Les regards se portent alors sur Huxley, qui se lève et déclare :
"
Bathybius, je l'aimais bien. Je l'ai même porté sur les fonts baptismaux. Mais que voulez-vous ? Il arrive que même les meilleurs amis vous lâchent !".
Pas d'escalade symétrique et narcissique chez Huxley, une retraite en bon ordre vers une position plus sûre.
A contrario, il est à rappeler comment menace un corrupteur maffieux, ou l'officier traitant d'un espion, qu'il a recruté et compromis : "
Oh ! Mais n'oublie pas que tu ne peux plus reculer ! Tu as déjà commis pour nous des actes criminels qui vont te valoir la prison si des preuves parviennent à la justice de ton pays ! Alors tu dois continuer de nous servir, sinon !". Et comment le corrupteur choisit-il sa proie, son instrument à corrompre ? Il sélectionne justement celui qui n'aura jamais la force de la résipiscence, qui n'a aucune profondeur ni morale ni stratégique, qui est entièrement dépendant de sa façade, de ses dettes de jeu, de son train de vie au dessus de ses moyens réels...
La question de la résipiscence est donc l'articulation maîtresse entre l'esprit scientifique, le management de la recherche, le management et l'art de diriger très généralement, et la santé mentale.
Pour élever des enfants, on se trompe, on se trompe constamment. Mais corrige-t-on ses erreurs et leurs conséquences ?
En droit français, l'appareil judiciaire est automatiquement exempté de toute correction, de toute résipiscence, blindé par l'autorité de la
chose hâtivement jugée. D'une part, cela fait qu'il attire justement des personnalités assez pathologiques, au narcissisme rigide et ombrageux, voire franchement sadiques. D'autre part, cela le disqualifie radicalement pour qu'il joue sa part dans l'équipe d'une psychothérapie sous mandat, rendu incapable d'explorer par essais et erreurs corrigibles.
A suivre. Rédaction encore en cours.