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Jacques

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Les créationnistes aimeraient bien brûler "Le hasard et la nécessité"
* le: 24 décembre 2007, 04:05:49 *
* Modifié: 05 octobre 2009, 03:03:10 par Jacques *
J. Monod, Le hasard et la nécessité: Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, Seuil, 1970 (ISBN 2020028123)

Il est comme cela des boussoles qui indiquent le Sud. Si elles sont régulières dans cette erreur, alors elles peuvent devenir des instruments utiles. Il suffit de lire leur indication à l'envers.

Parmi ces boussoles qui indiquent le Sud, j'avais remarqué la haine totale et les flots d'insultes que les créationnistes et les animistes de diverses obédiences vouent au livre historique de Jacques Monod : "Le hasard et la nécessité".
Je l'ai donc enfin emprunté et lu, longtemps après tout le monde.
On prétend que le livre est réductionniste. C'est faux. Monod démontre au contraire que le réductionnisme est condamné à échouer. En fait ce mot est employé à contre-sens par les détracteurs, qui espèrent que les lecteurs se contenteront de faire semblant de comprendre.
On prétend que le livre est extrémiste (car il est athée). Ça, c'est presque vrai, en ce sens précis, que Jacques Monod est allé au bout de ses idées, au lieu de s'arrêter effrayé à sa première boutade. Je n'ai appris à être "extrémiste" en ce sens là que très tard, dans les années 1974-1976, et uniquement parce qu'un homme a su nous encourager à aller jusqu'au  bout de chacune de nos idées, de nos amorces de trouvailles jusqu'à en faire de vraies trouvailles accomplies.
On prétend aussi que le livre est mal écrit, car il critique les mythes de Pierre Theillard de Chardin, et que par concession diplomatique aux mythologies du lecteur moyen, il accole plusieurs fois l'épithète "heureux" au substantif "hasard".

Balivernes de jaloux médiocres. Ce livre est TRES bien écrit, très approfondi et prudent. Et la mauvaise foi est systématique chez ses détracteurs fanatiques. Non seulement Theillard et toutes les religions en prennent pour leur grade, mais Marx, Engels et les marxistes aussi. Eux aussi sont des animistes... "Plus encore que les autres animismes, le matérialisme historique repose sur une confusion totale des catégories de valeur et de connaissance."

Ma note de lecture ne sera jamais aussi détaillée que celle que vous pouvez télécharger sur le site du CNAM à www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/monod.rtf, que je vous invite donc à lire.

Un extrait concerne les fonctions du système nerveux, à http://gfev.univ-tln.fr/H21/Le_hasard_et_la_n%E9cessit%E9.html

Autres résumés, plus ou moins lapidaires :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Hasard_et_la_N%C3%A9cessit%C3%A9
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Monod_(biologiste)
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Anecdote

    * Le livre Le Hasard et la nécessité est paru en 1970, année de l’annonce par Howard Temin de la réalité de la transcriptase inverse dans certains virus. Monod écrit le passage suivant : « Il n’est ni observé, ni d’ailleurs concevable, que l’information soit jamais transférée dans le sens inverse (c’est-à-dire de l’ARN vers l’ADN). C’est l’un des principes fondamentaux de la biologie moléculaire. ». Idée largement battue en brêche depuis.


http://www.culturesfrance.com/adpf-publi/folio/lirelascience/05.html
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Malgré un affaiblissement de l’idée de progrès fondée sur la science, en France la faveur dont jouissent les scientifiques et les centres de recherche ne s’amenuise pas. Le prestige des chercheurs de l’Institut Pasteur n’est peut-être pas étranger à l’impact des livres d’André Lwoff, de François Jacob et surtout de Jacques Monod. Paru à l’automne 1970, Le Hasard et la Nécessité est un succès de librairie. L’ouvrage, qui s’annonce comme le retour d’une philosophie naturelle, déclenche un débat très vif dans le milieu intellectuel. Michel Foucault en fait la recension dans Le Monde des 15-16 novembre 1970. Il insiste sur l’aspect blessant et inquiétant pour la pensée du savoir scientifique. Michel Serres estime qu’à ignorer les nouveaux outils apportés par la cybernétique et la théorie de l’information, on se condamne à des combats d’arrière-garde. À l’inverse, Louis Althusser critique la «philosophie spontanée des savants». Il dénonce «une tendance idéaliste irradiant à partir des prises de position idéologiques». L’historien des sciences François Russo discerne chez Monod un certain «jansénisme» qui n’a rien à voir avec la science. Madeleine Barthélemy-Madaule, elle, conteste la généralisation de la biologie moléculaire à tout l’univers: «Dans ce livre provocant tout est question de frontière dès l’annonce des épigraphes, et, plus tard, dans les incursions en terrain philosophique et moral.»

Le lecteur est pourtant, dès la préface, dûment averti par Monod: «Il reste à éviter bien entendu toute confusion entre les idées suggérées par la science et la science elle-même; mais aussi faut-il sans hésiter pousser à leur limite les conclusions que la science autorise afin d’en révéler la pleine signification. [...] Encore une fois cet essai ne prétend nullement exposer la biologie entière mais tente franchement d’extraire la quintessence de la théorie moléculaire du code. Je suis responsable bien entendu des généralisations idéologiques que j’ai cru pouvoir en déduire [... ainsi que] des développements d’ordre éthique sinon politique.»
On a vu plus haut pourquoi Louis Althusser ne pouvait que trouver hérétique un tel livre.
L'accusation par Madeleine Barthélemy-Madaule est de pure affabulation, est une falsification du contenu réel écrit par Monod. Oui, mais les besoins en autothéories...

Ecrit voici près de quarante ans, le livre a donc pris une ride, en ce sens qu'une transcriptase inverse a été décrite. Une seule ride... Il demeure une excellente introduction à la biologie moléculaire pour l'honnête homme du 21ème siècle.

La conclusion par Monod que rien ne peut nous dispenser de créer et raffiner au jour le jour notre éthique et nos valeurs, a choqué tous les croyants en divers animismes. Nous l'avions redécouverte de même.

Trois outils et concepts à signaler pour cela :
autothéorie, réflexivité, accès à la résipiscence.
Le concept d'autothéorie nous a été transmis par notre prof de
psychosociale et de clinique Henri Jidouard. Il semble bien qu'il en
soit le créateur, il l'utilisait mais ne le définissait pas. Illustration : "Des besoins en autothéorie, à leur dépassement dialectique : des méthodes ?" http://deonto-famille.info/index.php?topic=22.0

L'outil d'analyse en réflexivité est exposé brièvement à
http://jacques.lavau.perso.sfr.fr/Reflexivite.html

Résipiscence : ce mot rare nous a été envoyé à la figure par Mongénéral, dans ses
Mémoires de guerre. Si rare soit le mot, le concept est central pour
la santé mentale et pour la discipline scientifique. Il n'est pas
indépendant, mais lié aux deux autres cités : la réflexivité et le
besoin en autothéories.

http://deonto-famille.info/index.php?topic=53.0 :  
"Le non-accès à la résipiscence, une question centrale."


Jacques

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L'animisme au sens de J. Monod ?
* Réponse #1 le: 25 décembre 2007, 10:33:40 *
* Modifié: 25 décembre 2007, 04:16:55 par Jacques *
Précision demandée : l'"animisme" au sens de J. Monod ?

Nos ancêtres comprenaient bien que les plantes et les animaux avaient bien des choses en commun avec eux. Les plantes croissent et se poussent vers le Soleil, sont en compétition pour les ressources, dont l'ensoleillement. Les animaux mangent, attrapent des proies, échappent aux prédateurs, les mâle se battent pour les femelles, les femelles choisissent les mâles les plus dominants et les plus prometteurs. Donc tous les êtres vivants ont les mêmes projets.

Ce qui leur posait problème, c'était tout ce qui est inanimé, qui n'est dû qu'à des forces naturelles brutes, sans code génétique support d'un projet. Ils s'en sont tirés en décidant que tout l'inanimé était animé quand même, avec des elfes, des sylfes, des gnomes, de dieux et des génies partout...
Marx et Engels firent de même, en postulant que l'Univers entier était soumis à une dialectique et un "sens de l'histoire". C'était là encore une projection animiste. D'où le succès de cette religion, pour ces raisons inavouables.

Renversement d'attitude à la naissance du comportement scientifique, 16e siècle : nous sommes subjectifs, mais la nature est objective, et l'inanimé n'a pas d'intentions. Ni même de "sens de l'histoire", ni de "point oméga" à la Theillard.