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Jacques

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Pages 69 à 73 extraites de :
Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu'ils entreprennent.
Stephen R. Covey. Ed. F1rst Business


HABITUDE N° 1 : SOYEZ PROACTIFS.
ENTRE STIMULUS ET RÉPONSE

Laissez-moi vous faire part de l'histoire de Victor Frankl.
Victor Frankl était un déterministe élevé dans la tradition freudienne : tout ce qui nous arrive dans notre enfance façonne notre caractère et notre personnalité et gouverne notre vie. Les limites et les paramètres de notre existence sont fixés très tôt et nous ne pouvons pas grand-chose contre eux.
Frankl était aussi psychiatre et juif. Sous l'Allemagne nazie, il fut déporté dans les camps de la mort, où il dut endurer des épreuves qui nous terrifient à leur seule évocation.
Ses parents, son frère et sa femme sont morts dans ces camps. A l'exception de sa soeur, toute sa famille fut exterminée. Victor Frankl a lui-même subi la torture et d'innombrables humiliations, ne sachant jamais si ses pas le mèneraient à la chambre à gaz ou parmi les prisonniers épargnés qui déblayaient les corps des Juifs gazés puis incinérés.
Un jour, nu et seul dans une pièce, il prit peu à peu conscience de ce qu'il appellerait plus tard « la dernière des libertés humaines », une liberté que ses geôliers nazis ne sauraient lui enlever. Ceux-ci pouvaient être les maîtres du lieu, faire ce qu'ils voulaient à son corps, mais il restait, lui, un être conscient de son identité qui pouvait regarder en observateur son propre rôle. Il pouvait décider lui-même comment tout cela allait l'affecter. Entre ce qui lui arrivait (le stimulus) et sa réaction, s'interposait sa liberté, son pouvoir de choisir une réponse.
Alors qu'il vivait cette épreuve, Frankl se projetait dans des situations différentes, par exemple en cours, devant ses étudiants, lorsqu'il serait sorti des camps : il s'imaginait dans l'amphithéâtre, leur donnant un cours sur les tortures qu'il avait endurées.
Il cultiva son petit lopin, son embryon de liberté grâce à diverses disciplines mentales, psychologiques et morales, utilisant surtout sa mémoire et son imagination, jusqu'à ce que l'embryon grandisse, grandisse au point de devenir plus libre que ses gardiens. Ils avaient certes davantage de liberté physique, mais lui jouissait d'une plus grande liberté intérieure, un pouvoir interne d'exercer ses propres choix. Il devint une source d'inspiration pour son entourage et même pour certains de ses détenteurs. Il aida les autres à trouver un sens à leurs souffrances et à retrouver une dignité.
Plongé dans les circonstances les plus dégradantes, Victor Frankl s'est appuyé sur cette richesse de l'homme, la conscience de soi, pour découvrir un principe fondamental de la nature humaine : entre le stimulus et la réponse, l'homme a la liberté de choisir.
Cette liberté de choisir exprime en soi ces dons qui font de l'être humain un être unique. Outre la conscience de soi, nous possédons l'imagination, la capacité de créer dans notre esprit quelque chose qui dépasse la réalité présente. Nous possédons également une conscience, un sens profond du bien et du mal, des principes qui gouvernent nos comportements, et la faculté de sentir si nos pensées et nos actions sont en adéquation avec ces principes. Nous possédons également une volonté indépendante, la possibilité d'agir selon notre conscience de nous-mêmes, sans tenir compte d'aucune autre influence.
Les possibilités de l'animal sont limitées, celles de l'homme illimitées. Mais si, comme les animaux, nous vivions seulement sur nos instincts, sur notre mémoire collective, notre conditionnement et les circonstances, nous nous trouverions alors tout aussi limités.
Nos capacités nous élèvent au-dessus du monde animal et nous les exerçons et les développons au maximum de notre potentiel humain. Entre le stimulus et la réponse, se trouve notre plus grande force : la liberté de choix.



LA PROACTIVlTE
En découvrant le principe de base de la nature humaine, Frankl a décrit une carte exacte de l'homme, à partir de laquelle il a pu développer la première et la plus fondamentale des habitudes, quel que soit l'environnement : l'habitude de la proactivité.
Si le terme « proactivité » est désormais courant dans le domaine du management, vous ne le trouverez pas dans les dictionnaires. Il signifie davantage que « prendre des initiatives ». Il signifie qu'en tant qu'êtres humains, nous sommes responsables de nos propres vies. Notre comportement découle de nos décisions, et non de notre condition. Nous pouvons faire passer nos sentiments après nos valeurs. Nous avons l'initiative et la responsabilité de provoquer les choses.
Parce que nous sommes, par nature, responsables (capables de réponse), nous pouvons affirmer que nos vies ne sont guidées par notre propre conditionnement et par les circonstances que dans la mesure ou nous acceptons, par une décision consciente ou par
défaut, de nous laisser diriger par eux. En opérant un tel choix, nous ne faisons que réagir. Les individus « réactifs » se sentent souvent affectés par leur environnement. Si le temps est beau, ils se sentent bien. S'il fait mauvais, cela altère leurs sentiments et leurs performances. Les personnes proactives portent en elles leur propre « temps ». Elles sont guidées par certaines valeurs et si, l'une de ces valeurs consiste à produire un travail de qualité, peu importe qu'il pleuve ou que le soleil brille.
Les réactifs dépendent également de leur environnement social, de la « météo sociale », Quand on les traite bien, ils se sentent bien; quand on les traite mal, ils deviennent défensifs et se referment. Les réactifs fondent leur vie psychologique sur le comportement de leur entourage, autorisant ainsi les faiblesses des autres à gouverner leur vie.
La faculté de subordonner une impulsion à une valeur constitue l'essence même de l'individu proactif. Les réactifs se laissent piloter par leurs impressions, les circonstances, les conditions, l'environnement. Les proactifs se dirigent en fonction de valeurs auxquelles ils ont sérieusement réfléchi, qu'ils ont sélectionnées, et qui sont devenues des valeurs internes.
Ils restent toujours influencés par des stimuli extérieurs physiques, sociaux ou psychologiques, mais leur réponse à ces stimuli, qu'elle soit consciente ou non, constitue un choix ou une réaction fondée sur des valeurs.
Eléonore Roosevelt faisait remarquer à juste titre que personne ne peut nous blesser sans notre consentement, ou comme le disait en d'autres termes Gandhi : « Ils ne peuvent pas nous enlever notre dignité si nous ne la leur cédons pas. " C'est notre consentement, notre volonté d'autoriser qu'il nous arrive ce qui nous arrive, qui nous blesse en premier lieu.
Je reconnais qu'accepter cela est une épreuve difficile, surtout si, depuis des années, on a pris l'habitude d'expliquer notre misère par les circonstances et le comportement d'une autre personne. Mais tant qu'un individu n'a pas eu la force de se dire honnêtement qu'il est aujourd'hui ce qu'il est à cause des choix qu'il a faits hier, et tant qu'il ne s'en persuade pas profondément, alors il se trouve dans l'incapacité de choisir autre chose.
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P 73.
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Nous connaissons tous des personnes, par exemple des malades en phase terminale ou des personnes gravement handicapées qui, dans des circonstances dramatiques, gardent une force psychologique magnifique. C'est leur intégrité qui les inspire; et comment ! Rien n'impressionne plus qu'un individu que de se rendre compte qu'une personne a pu transcender sa souffrance, transcender sa condition, et qu'elle est habitée d'une valeur qui inspire, rend plus noble, élève sa vie.
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